Ski ou snowboard hors-piste ? Voici les 5 conseils d’un expert en avalanches

Le ski et le snowboard hors-piste vous emmènent au plus proche de la nature. Grâce aux conseils de l’expert Jef Verstraeten, vous pourrez vous y essayer de manière responsable.


Qui est Jef Verstraeten ?

•    Né en 1994
•    Expert en avalanches et guide de montagne et de ski diplômé chez Berggids.be
•    Aime la montagne, la poudreuse et le sauna



Hors-piste : qu’est-ce que cela signifie exactement ?

Des pistes immaculées recouvertes de neige damée : voilà l’image que la plupart des gens se font des sports d’hiver. Dans de nombreux endroits d’Europe, il est possible – à vos risques et périls et de préférence avec un guide expérimenté – de skier ou de faire du snowboard dans une nature sauvage époustouflante au cœur de montagnes. Vous pourrez ainsi apprécier les joies de la glisse sur neige vierge et le silence du hors-piste. « Tout ce qui se trouve en dehors des piquets délimitant la piste est considéré comme du hors-piste », résume Jef Verstraeten, expert en avalanches.


Conseil : vous aimeriez tenter le hors-piste, mais vous ne savez pas par où commencer ? En Autriche et en Suisse, entre autres, il existe un large éventail de stations de ski hors-piste.



Peut-on faire du hors-piste n’importe où ? Quelles sont les règles à suivre ?

« En Europe, vous pouvez faire ce que vous voulez, à vos risques et périls. En Italie, par exemple, vous êtes responsable de tout ce que vous provoquez. Cela signifie qu’en cas d’avalanche, vous êtes responsable de toutes les personnes enfouies. La loi vous autorise à quitter la piste, mais vous êtes tenu responsable des dommages que vous causez aux personnes et au matériel. »

« Une piste balisée mais fermée ne doit jamais être empruntée. Cela n’a rien à voir avec le danger d’avalanche, mais avec d’autres risques, comme celui d’une chenillette reliée à des câbles en acier. Les personnes qui s’aventurent sur ce type de piste sont parfois victimes de terribles accidents. »


Cinq étapes pour une aventure hors-piste en toute sécurité

Pour faire du ski ou du snowboard hors-piste de façon responsable et en toute sécurité, il est bon d’avoir des notions de « snow safety », c’est-à-dire de connaître les règles de sécurité sur la neige. Contrairement à une piste classique, il est possible d’être confronté à une avalanche, par exemple. En vous préparant correctement grâce à ces cinq étapes, vous pourrez bientôt glisser sur vos skis ou votre snowboard l’esprit plus serein.

Étape 1 : informez-vous sur les risques d’avalanche

« Même si vous êtes un vrai pro de la glisse, vous risquez gros en vous aventurant hors-piste sans préparation. Une avalanche est toujours plus rapide qu’un être humain. Heureusement, plusieurs cours et stages vous permettent d’apprendre à évaluer les risques d’avalanche, à localiser et à dégager une victime. Il est également judicieux de vous faire accompagner par un guide diplômé. »


« Toute chute augmente le risque d’avalanche. »

Jef Verstraeten


Étape 2 : étudiez le terrain

« Des bulletins risques d’avalanches et cartes topographiques aux randonnées à ski entièrement balisées : les personnes bien préparées prennent un meilleur départ et arrivent plus rapidement à destination. Voici une check-list pour commencer à préparer votre randonnée à la maison :

 
•    Gardez un œil sur les prévisions météorologiques et adaptez-vous en conséquence.

 

•    Choisissez une belle randonnée à ski correspondant à votre niveau. "Toute chute augmente le risque d’avalanche. Car plus on tombe, plus l’impact sur le manteau neigeux est important." Si nécessaire, prévoyez des cours de ski ou de snowboard.

 

•    Apprenez à lire un bulletin risque d’avalanche.

 

•    Vérifiez si votre matériel et vos vêtements ont besoin d’un entretien et si votre détecteur est chargé et allumé. Il est également important d’assembler votre sonde et votre pelle chez vous, pour vérifier que tout fonctionne toujours correctement. »


Comment interpréter le bulletin risque d’avalanche :

•    Facteur de risque d’avalanche 1 = risque mineur. Presque toutes les pentes sont sûres. La plupart des randonnées sont possibles.

 

•    Facteur de risque d’avalanche 2 = risque modéré. Pas de pentes de 40° ou plus. Planifiez les choses avec précision.

 

•    Facteur de risque d’avalanche 3 = risque accru. Pas de pentes de 35° ou plus. Définissez soigneusement votre itinéraire.

 

•    Facteur de risque d’avalanche 4 = risque élevé. Pas de pentes de 30° ou plus. Les randonnées à ski ne sont pas recommandées.


•    Facteur de risque d’avalanche 5 = risque très élevé. Ne partez pas en hors-piste. Mieux encore : restez chez vous.



Étape 3 : respectez les règles

“« Vous êtes enfin arrivé à la destination de vos rêves ? Vous avez apporté le bon équipement et une bonne dose d’endurance ? Le moment est donc venu de profiter pleinement de vos vacances. N’oubliez pas qu’un peu de discipline dans votre routine quotidienne vous permettra de tenir plus longtemps. Lors de la descente, tenez notamment compte des règles suivantes :

•    N’entamez pas la descente en rangs serrés, gardez vos distances ;

 

•    Adaptez votre voyage à la taille et au niveau de votre groupe ;


•    Gardez un œil sur vos amis skieurs. »


Conseil : gardez une distance suffisante sur les terrains dangereux

« L’angle de la pente est supérieur à 30° ? Dans ce cas, élancez-vous un par un en laissant au moins 30 m de distance entre chaque skieur/snowboardeur. Vous éviterez ainsi que plusieurs personnes ne soient prises dans une avalanche. Choisissez judicieusement les zones où vous attendez. Veillez à ce qu’elles soient suffisamment éloignées des pentes très raides. »


Étape 4 : utilisez l’équipement approprié

« Croyez-moi : se sortir de la neige après avoir été enseveli sous une avalanche est impossible. Sans l’aide de vos camarades et de votre équipement de sécurité, vous ne vous en sortirez pas indemne. »

 

« En emportant toujours le bon équipement et en apprenant à l’utiliser, vous serez mieux préparé à affronter une avalanche. » Selon Jef Verstraeten, il est bon de disposer au minimum de la Sainte Trinité dans vos poches : une pelle, une sonde et un détecteur. « Emportez-les toujours ensemble, car séparément, ils sont peu utiles. En cas d’incident, vos compagnons de voyage sont toujours plus rapides sur place que les services d’urgence. »

 

Il est donc essentiel de savoir quoi faire en cas d’avalanche. « Connaissez votre matériel et apprenez à l’utiliser. Si vous ne maîtrisez pas ces connaissances, vous ne pourrez pas vous sauver mutuellement. Suivez par exemple un cours tous ensemble pour apprendre à utiliser le détecteur et entraînez-vous à creuser dans la neige. Cela demande plus d’énergie qu’on ne le pense. Une équipe bien préparée peut faire toute la différence ! »



« Quiconque fait du hors-piste sans équipement de sécurité n’a aucune chance de survivre à une avalanche. »

Jef Verstraeten


« Bon nombre de sacs à dos de ski sont aujourd’hui équipés d’un airbag intégré. Ce dispositif peut augmenter considérablement vos chances de survie, surtout si vous vous trouvez tout près du point de départ de l’avalanche. L’airbag – qui se déclenche après avoir tiré la poignée – vous permet de flotter à la surface et de ne pas être enseveli trop profondément. L’inconvénient est que ce type de sac à dos est souvent coûteux. Personnellement, je vous conseille d’investir dans un guide plutôt que dans l’un de ces sacs à dos, car avec un guide, vous serez plus en sécurité et éviterez les avalanches. De plus, vous pouvez partager les frais avec vos amis skieurs. »  

« L’hiver dernier, j’ai fait du hors-piste à Sankt Anton avec un groupe de skieurs. Chaque membre du groupe disposait de l’équipement de sécurité adéquat, nous avions discuté au préalable de notre stratégie et tout le monde a gardé une distance suffisante. Et soudain, j’ai remarqué qu’un autre groupe de skieurs commençait à nous suivre sans réfléchir. Mais sans stratégie ni équipement de sécurité, c’était de la folie ! Quiconque fait du hors-piste sans l’équipement adéquat n’a aucune chance de survivre à une avalanche. »


Le saviez-vous ?

À cause de l’énorme puissance et de la pression de l’avalanche, la densité de la neige est bien plus élevée que celle de la neige fraîche. Une fois enseveli, vous serez emmuré. Assurez-vous donc toujours d’avoir votre pelle, votre sonde et votre détecteur à portée de main, dans votre sac à dos ou dans la poche de votre veste. Cela vous évitera des recherches inutiles et vous permettra de porter immédiatement secours à la victime.


Étape 5 : adoptez une stratégie

« Pour éviter de se retrouver dans une avalanche, il existe plusieurs stratégies décisionnelles. Quelle que soit celle choisie, simulez-la sur la piste avec votre équipe et faites en sorte de la maîtriser parfaitement avant de partir en hors-piste ! »


La méthode Stop or Go vous permet de juger si c’est une bonne idée de sortir ou si vous feriez mieux de profiter de l’après-ski. Additionnez les facteurs ci-dessous ou demandez à votre guide professionnel si vous pouvez continuer à skier.



La méthode Stop or Go

Cette stratégie consiste en deux contrôles, qui vous aident à prendre une décision sur la neige.

Contrôle n° 1 : interprétez le bulletin risque d’avalanche

En fonction du risque d’avalanche – indiqué par des chiffres de 1 à 5 –, décidez de l’itinéraire que vous allez emprunter. Voyez également quelles sont les possibilités de bifurquer.

« En cas de risque mineur (facteur 1), de nombreuses activités sont possibles ; et en cas de risque majeur (facteurs 4 ou 5), la plupart des amateurs de sports d’hiver préfèrent jouer la carte de la sécurité. Mais la difficulté réside dans la planification avec un facteur de risque d’avalanche 2 ou 3, car de nombreuses activités sont possibles, mais toutefois sous certaines conditions et en prenant les précautions nécessaires. C’est là, souvent, que les choses tournent mal. La plupart des décès – environ 50 % – surviennent avec un facteur de risque d’avalanche 3, "moins dangereux", et 30 % avec un facteur de risque d’avalanche 2. » 


« Dans les 15 premières minutes, une victime d’avalanche a un taux de survie de 80 %. »

Jef Verstraeten


Contrôle n° 2 : évaluez les risques d’avalanche sur le terrain

Il y a plusieurs indicateurs de risque d’avalanche.

 

•    Quel est le degré d’inclinaison de la pente ? Tracez votre itinéraire à l’aide d’une carte des pentes et déterminez l’inclinaison sur place avec vos bâtons de ski ou avec l’application KBF-tochtplanner.


•    Vient-il de neiger ? Dans des conditions favorables (autour de 0 °C), la couche de neige ne se stabilise qu’au bout d’1 à 3 jours. Attendez que la neige « se fixe ».

 

•    Constatez-vous que le vent déplace la neige (poudrerie) ? Une couche de neige faible se lie difficilement à la couche inférieure. Résultat : on obtient une sorte de patinoire avec la couche supérieure.


•    Constatez-vous que la neige est mouillée ou détrempée ? La pluie ou la neige fondue diminuent rapidement la couche de neige.


•    Quel est le sens ou l’orientation de la pente ? Le bulletin risque d’avalanches utilise une rose des vents pour indiquer l’orientation dans laquelle le risque d’avalanche est le plus élevé.



Installez une application d’urgence sur votre téléphone portable

Commencer par creuser ou appeler les secours : que faire si quelqu’un se retrouve enseveli sous une avalanche ? « Environ 20 % des personnes victimes d’une avalanche sont déjà mortes lorsque la neige cesse de s’écouler. Les survivants, eux, ont 80 % de chances de survie dans les 15 premières minutes. »

« Un appel d’urgence peut prendre de 3 à 6 minutes. Puis, il faut au moins 2 minutes pour que l’hélicoptère décolle et encore 6 à 10 minutes pour qu’il arrive sur place. Ensuite, les secouristes doivent encore localiser et extraire la victime... Les chances de survie s’amenuisent rapidement dans cet intervalle. Si vous êtes en groupe, demandez à une personne de contacter les services d’urgence pendant que les autres commencent à chercher les victimes. Vous devez bien entendu savoir exactement comment effectuer ces recherches. Vous apprendrez cela dans le cadre d’une formation. »

« Expliquer en allemand, en français ou en anglais où l’on se trouve exactement aux secours en montagne, n’est pas facile et prend un temps précieux. Heureusement, il existe plusieurs applications qui peuvent transmettre automatiquement votre position. »


•    Au Tyrol, au Tyrol du Sud ou en Bavière : installez l’application SOS-EU-ALP sur votre téléphone.


•    En Suisse : optez pour l’application de la Rega, l’organisation suisse de sauvetage par hélicoptère.


•    En Belgique : téléchargez l’application 112 BE, pratique dans les Ardennes, mais aussi à la maison.


•    Dans les Alpes françaises : il n’existe encore aucune application dans ce domaine. Après votre appel d’urgence, vous recevrez un SMS contenant un lien : si vous cliquez dessus – et que vous disposez d’une connexion internet – votre position sera envoyée aux services d’urgence.


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Quel est le risque d’avalanche ?

Lorsque Jef Verstraeten observe un flanc de montagne, il peut estimer le risque d’avalanche, contrairement à la plupart des skieurs et des snowboardeurs qui n’ont pas les connaissances requises. Le « péril blanc » est extrêmement difficile à prévoir. C’est pourquoi on utilise un chiffre de 1 à 5 pour indiquer le risque d’avalanche – la principale source d’information pour les amateurs de sports d’hiver. Ce chiffre est estimé en fonction du nombre de zones dangereuses, du risque d’avalanche à ces endroits et de l’ampleur de l’éventuelle avalanche.

« À partir du facteur de risque 3, le risque d’avalanche est assez élevé et il faut redoubler de prudence. Il est préférable, dans ces conditions, de ne pas sortir sans un guide professionnel. Si le facteur de risque s’élève à 4, il est irresponsable de quitter la piste et même les guides expérimentés feront preuve d’une extrême prudence. Si le facteur de risque est de 5, vous feriez mieux de rester chez vous. »


« La plupart des décès – environ 50 % – surviennent avec un facteur de risque 3, "moins dangereux". »

Jef Verstraeten


Organisez régulièrement des exercices d’avalanche

« Un membre du groupe enterre un sac à dos contenant un détecteur. Les autres doivent ensuite extraire le sac à dos le plus rapidement possible. Un bon exercice pour prendre les dispositions nécessaires – la première étape en cas d’accident. Chaque membre du groupe porte un détecteur qui envoie un signal toutes les secondes. Certains membres du groupe passent en mode recherche, tandis que les autres éteignent leurs appareils. Entraînez-vous à cette répartition des tâches, car toutes les dispositions doivent être prises en 10 secondes. Chaque seconde compte pour la victime. »

 

« Convenez, par exemple, que X et Y règleront leur détecteur en mode recherche, que les autres éteindront leur détecteur et que la personne Z contactera les services de secours. Ne laissez pas tout le monde se mettre simultanément en mode "recherche", car l’expérience montre que cela peut aboutir à des situations chaotiques. Il est plus efficace de demander à quelques membres du groupe de détecter le signal et de s’en approcher au maximum, pendant qu’une autre personne prépare la pelle et la sonde. Cela permet à la personne désignée pour les recherches de commencer immédiatement à fouiller dans la neige. Si cette personne est seule, elle devra encore extraire son équipement de son sac à dos – et ce n’est pas instantané. »


Conseil : préparez-vous physiquement à vos vacances aux sports d’hiver

Skier dans la nature peut représenter un effort considérable. Veillez donc à être en forme avant de partir à la montagne pour éviter de vous fatiguer trop vite et prévenir les blessures. Il existe de nombreux exercices permettant de vous préparer avant votre départ.


Snow Safety en images

Concernant la sécurité, Jan Larosse, expert en avalanches, a mis en avant quelques conseils supplémentaires dans ces courtes vidéos. Vous pouvez les consulter à la maison ou en chemin, à l’arrière de votre voiture : vous serez ainsi encore mieux préparé pour votre aventure hors-piste !



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