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Pour Mathias Michielsen, le bonheur réside dans un feu de camp, un repas composé des fruits de la cueillette ou quelques coups de pagaie sur un packraft. Cette passion pour la nature, le bushcraft (art de vivre dans les bois) et les microaventures lui apportent beaucoup de satisfaction.
Lorsqu'il navigue seul sur la Semois, Mathias Michielsen se sent « complètement détaché du monde ». Les grandes forêts de conifères s'étendent jusqu'au bord de la rivière. Alors qu'il dirige son embarcation entre les branches de bois mort et les rochers, un martin-pêcheur sort une proie de l'eau. Un cincle plongeur rase la surface de la rivière. Et bien que quelques chalets trahissent la présence humaine, pour Mathias, cette rivière aux méandres sauvages est comme une contrée hors du monde, quelque part dans un pays lointain. La nature, pure et intacte, le trouble et le submerge. Loin des trépidations de la civilisation, il peut passer des journées entières sans s'ennuyer une seule seconde. Le soir, il attache son hamac et profite du jeu de l'eau et de la forêt.
Dans ces moments-là, loin des bureaux et des embouteillages, il se sent vivant. Mathias aspire à cette vie simple. Il veut entendre chanter les oiseaux et transpirer lors d'une longue randonnée ou d'une excursion sur son packraft, un bateau gonflable que l'on emporte facilement dans un sac à dos. Certains rêvent de luxe et de restaurants étoilés, mais cette vie ne l'intéresse pas. Être servi au doigt et à œil et déguster champagne et caviar, non merci ! Le repas le plus savoureux est celui qu'il a lui-même chassé ou cueilli, préparé et cuit avec beaucoup de persévérance sur son propre feu de camp. Une veillée autour d'un feu de camp vaut toutes les télés du monde. C'est alors qu'il dresse de nouveaux projets avec ceux qui partagent ses idées.
Mathias est un homme des bois et il en est fier. Son bonheur tient en peu de choses. Il lui suffit d'apercevoir un castor, une espèce qui lui tient à cœur, pour être enchanté pour le reste de la semaine. Mais surtout, la nature est pour Mathias la combinaison idéale de la paix et du défi. « La nature stimule ma curiosité, ma soif de connaissances. Il y a tellement à voir et à découvrir que j'en oublie tout le reste. Je suis alors absorbé par la recherche des oiseaux, des papillons et des empreintes d'animaux », explique-t-il. « Mais j'aime aussi les défis physiques ! Sortir pour vivre l'aventure et me défouler complètement en courant, faisant du vélo ou marchant. »
28 ans.
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Originaire d'Ekeren (nord de la province d'Anvers en Belgique).
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Biologiste.
Comme pour tant de jeunes, la passion pour la nature de Mathias est l'héritage de ses années de scoutisme. Lorsqu'il était éclaireur, un chef scout biologiste lui a appris à reconnaître les plantes comestibles. Sa passion naissante pour la nature amène alors Mathias à faire des études de biologie. Un travail de biologiste, se dit-il, lui permettra de passer beaucoup de temps à l'extérieur.
Mais la réalité de la vie professionnelle est toute autre. « J'ai soutenu le travail bénévole du département Anvers-Nord de Natuurpunt pendant deux ans et demi. Un travail captivant lors duquel j'ai rencontré des gens intéressants et passionnés de nature », raconte Mathias. « Mais j'étais si souvent coincé à l'intérieur, derrière un bureau, que cela me rongeait. Je sentais que je devais être davantage dehors. »
Mathias est un fervent amateur du concept de microaventure, l'idée selon laquelle, même dans une vie professionnelle trépidante, il faut trouver le temps de vivre une véritable aventure. Une sortie spontanée, courte mais intense dans la nature. Refermer son ordinateur portable à cinq heures et commencer un parcours-découverte. « Si vous avez travaillé de neuf à cinq, vous avez le temps de recharger les batteries de cinq à neuf. »
Mathias utilise volontiers ce temps. Ainsi, une fois, il a voulu se rendre au Limbourg avec un ami en faisant du « bateau-stop » sur le canal Albert. Malheureusement, à ce moment, les bateaux naviguaient uniquement dans l'autre sens, si bien que le duo s'est retrouvé à Lillo. Mathias : « Nous avons dormi quelque part dans un bosquet et le matin, nous avons pris le waterbus pour Anvers. Ensuite, nous nous sommes rendus directement au travail. » C’est ça la microaventure par excellence ! Et ce goût de l'aventure, il ne veut jamais le perdre. « Je suis un grand fan de l'idée selon laquelle nous avons peu de temps et que nous devons tout mettre en œuvre pour atteindre nos buts. »
L'idée de créer sa propre entreprise mûrissait depuis un certain temps déjà. Mathias s'est mis à la recherche d'un nouveau concept de plein air, une activité qui lui permettrait de combiner activement la vie en plein air et la découverte de la nature. Mais le kayak, le canyoning et certaines autres disciplines classiques existent depuis si longtemps que le marché est saturé. En tant que nouveau venu, il est difficile de percer sur ces segments. C'est lorsqu'un ami scout lui raconte ses expériences en Finlande, où il a exploré les rivières et les lacs avec un packraft pendant un mois, qu'il a le déclic. « Dès que je me suis assis sur ce siège dans le jardin de mon ami, j'ai su que j'avais trouvé ce que je cherchais », affirme Mathias. « Un packraft offre tellement de potentiel. Ce type d'aventure est accessible : on peut y aller à pied, à vélo et même en transports en commun. »
Pour sa première sortie, Mathias se lance sur l'Ourthe occidentale. Au cœur de l'hiver. En cinq minutes, il embarque sur l'eau glacée. « Beaucoup de gens renonceraient, mais j'étais encore plus motivé. » Après une longue journée à pagayer, sous la neige et la grêle et à des températures sous zéro, il en est convaincu : son packraft lui promet beaucoup de plaisir. « Grâce à leur placement sur l'eau, les packrafts sont très stables. Ils sont dès lors accessibles aux débutants, même sur les eaux sauvages. En revanche, ils ne fendent pas l'eau comme les kayaks ou les canoës. Sur les eaux tranquilles, surtout, vous devrez parfois pagayer fort. »
Au Moulin de Retie, nous embarquons avec Mathias pour un voyage sur la Petite Nèthe. À peine une minute plus tard, nous naviguons déjà en pleine nature. « Regarde là-bas, une grosse bergeronnette jaune », jubile Mathias. « Cette espèce apprécie les rives des cours d'eau. » Mathias nous montre tous les oiseaux les uns après les autres. Ici, une crécerelle, là, une buse, une grande aigrette plus loin... Il est clairement dans son élément : écouter le chant des oiseaux, c'est exactement pour cette raison qu'il a quitté son emploi de bureau.
Alors que nous nous laissons dériver sur la rivière qui clapote doucement, nous prenons conscience que ce petit bout de paysage fluvial flamand est intact. Nous avons l'impression d'être dans un tunnel, coupé de la civilisation. « C'est l'avantage de la Flandre : les rivières entrecoupent la platitude du paysage et on a le sentiment de se trouver dans une sorte de cocon. Ce microclimat vous donne la possibilité de regarder autour de vous et de vous imprégner de la nature », dit Mathias. « En Flandre, l'idée qu'il y a toujours un village à proximité est totalement fausse. »
Vu depuis l'eau, le monde paraît différent, selon Mathias. Plus rugueux, moins altéré par l'action de l'homme. Les berges des rivières sont souvent inaltérées. C'est lorsqu'il pagaye depuis le centre commercial de Wijnegem jusqu'au Sportpaleis avec son packraft qu'il en fait l'expérience la plus convaincante. Depuis la rivière het Schijn, il ne remarque pratiquement aucune activité humaine. « Mon trajet s'est déroulé entre deux modèles forts de l'urbanisation, mais la rivière m'a conduit à la nature », dit-il. « Dans le Rivierenhof, j'ai navigué au milieu des chênes centenaires poussant sur la rive. Sans les centaines de randonneurs qui s'y promènent, je n'aurais jamais cru voguer si près d'Anvers. C'était impressionnant. »
L'amour de Mathias pour la nature s'exprime aussi dans le bushcraft, l'art de survivre dans et avec la nature. Il fabrique sa propre liqueur à partir de feuilles de hêtre et de prunellier. « Le gin de prunellier est vraiment top. C’est une explosion de saveurs dans la bouche », précise-t-il. Il se procure aussi régulièrement ses légumes dans la nature. Par exemple, Mathias est un grand fan de l'ortie, un « superaliment provenant de la nature », très polyvalent dans son utilisation. « Vous pouvez préparer les orties comme des épinards, en faire une infusion ou les utiliser comme corde une fois séchées », dit-il. « Dans la nature, vous trouverez une multitude de saveurs. Mais les gens ont oublié cela, parce que tout provient du supermarché. »
Parfois, Mathias va plus loin. C'est ici que le deuxième aspect se manifeste : vivre la nature comme un défi. En Roumanie, lors d'un camp de survie avec deux amis, il a vécu dans une forêt, loin de tout et de tous. Ils mélangeaient les herbes cueillies sur une colline herbeuse à leur couscous. Et comme ils n'avaient rien attrapé d'intéressant, ils mangeaient des grillons et des sauterelles. « Nous avons vu les traces d'un ours et un cerf s'est approché de nous », s'enthousiasme Mathias. « Je n'aime pas visiter les villes. Plus c'est sauvage, mieux c'est. »
En Roumanie, l'équipe allume un feu avec un arc à feu. Parfois, ils se lèvent à sept heures et demie du matin et ne boivent pas leur thé avant onze heures... « Nous pouvions alors enfin prendre notre petit-déjeuner », raconte Mathias. « Parvenir enfin à allumer un feu après 3 heures et demie de vaines tentatives procure un sentiment merveilleux. » La persévérance, c'est crucial. « Essayer pendant des heures pour finalement abandonner n'a pas de sens. Ça finit toujours bien par marcher. Dans ces moments-là, plutôt que de laisser la frustration prendre le dessus, il faut garder courage. »
Nostalgique, il se souvient de ses premières expériences avec l'arc à feu, en Tanzanie, où lui et un ami n'ont finalement obtenu une flamme qu'après deux semaines et demie. Il ne s'agit pas de jouer à l'homme primitif. Le bushcraft peut vous donner des compétences et vous apprendre des techniques qui pourront vous servir dans la nature, mais aussi dans la vie quotidienne. Perspicacité, préparation, patience, persévérance.
Mathias veut transmettre ces valeurs aux autres, ainsi qu'une vision plus large de la nature, la prise de conscience qu'il y a beaucoup plus autour de nous que nous le pensons parfois. En tant que guide touristique, il aime initier les randonneurs à l'observation des oiseaux. Et en cette période de crise du coronavirus, il publie des photos des oiseaux qu'il rencontre lors de promenades avec son chien Sem sur les réseaux sociaux, avec un mot d'explication. « Je reçois de nombreuses réactions », dit-il. « Les gens prennent conscience qu'un oiseau n'est pas seulement un oiseau, mais un pivert, un geai, un choucas ou une corneille. Élargissons nos horizons ! » Mission accomplie.
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Lors de vos randonnées dans la nature, il vaut mieux bien prendre soin de vos vêtements de protection. Avec le bon sac à dos, ce sera facilement réglé. Nous vous aidons à choisir !