Certains projets naissent d’une idée folle. C’est le cas de celui-ci ! Lorsque le Covid-19 est venu contrarier les projets de vacances de Marleen en 2020, elle a spontanément décidé de pédaler jusqu’à Rome. Sa fille Marie n’a pas eu à réfléchir longtemps et a également enfourché son vélo. S’il s’agissait initialement d’une décision impulsive, c’est ensuite devenu une passion commune.
« Nous avons pris goût à ce premier voyage », explique Marleen. « Un an plus tard, nous avons pédalé ensemble de Corfou jusqu’en Italie. Mais trois semaines à vélo, c’est vite devenu trop court pour nous. Nous voulions partir plus loin et plus longtemps, et voir les choses en grand. C’est ainsi qu’est né le projet d’une aventure d’un an ! »
Elles n’ont pas immédiatement décidé de partir en Australie. À l’origine, Marleen voulait aller en Chine en suivant la route de la soie, mais les restrictions liées au Covid-19 l’ont obligée à revoir ses projets. C’est ainsi que lui est venue l’idée de se rendre en Australie en passant par le Kazakhstan et l’Asie du Sud-Est. Un périple de 20 000 km, avec comme seul moyen de transport un vélo !
Pour Marleen, c’était un rêve qui devenait réalité : « Cela faisait des années que je rêvais d’un tel voyage. » Elle n’a pas mis longtemps à convaincre sa fille. « Marie a réfléchi quelques jours, puis m’a envoyé un message WhatsApp pour m’annoncer qu’elle partait avec moi ! Je me souviens encore de l’endroit où je me trouvais lorsque j’ai lu son message. Je me suis dit "YES !". Seule, je ne serais pas partie. » Le mari de Marleen et ses deux autres enfants étaient également invités, mais ils ont décidé de ne pas les accompagner. « Ils nous ont toutefois retrouvées en cours de route. Mon fils nous a accompagnées trois semaines à vélo en Australie. Mon mari et mon autre fille nous ont quant à eux rendu visite au Vietnam. Nous avons exploré le pays ensemble pendant plusieurs semaines – sans vélo. »
Marleen et Marie ont aimé leur organisation. « Improviser, c’est chouette, mais pour un tel voyage, nous voulions un point de repère. » C’est pourquoi elles ont divisé leur voyage en cinq blocs principaux :
1. Gand – Istanbul : Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Autriche, Slovaquie, Hongrie, Serbie, Bulgarie, Turquie
2. Istanbul – Géorgie
3. Les pays en « stan » : Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan
4. Asie du Sud-Est : Vietnam, Cambodge, Thaïlande, Malaisie, Singapour
5. Australie
« Nous avions emporté les guides de Bikeline. Nous avions un carnet pour aller jusqu’à Vienne et un autre pour la Bulgarie. Pour la suite, nous étions moins obsédées par les itinéraires écrits et avions suffisamment confiance en nous pour tracer les nôtres avec Komoot. Je pouvais les enregistrer hors ligne, ce qui m’évitait d’utiliser mes données mobiles en permanence. Comme j’utilisais mon téléphone pour la navigation, une bonne batterie externe s’imposait. »
« Nous sommes parties le 1er mars. À l’époque, il ne faisait pas encore trop chaud en Europe, c’était donc facile pour rouler à vélo. Pour le premier tronçon jusqu’à Vienne, nous visions 80 à 100 km par jour. Nous avions prévu un jour de repos tous les 6 jours et un séjour de 3 ou 4 jours à Vienne. Nous avions donc une légère marge de manœuvre. Mais nous sommes toujours parvenues à respecter facilement ces distances. »
Le duo planifiait son itinéraire et ses lieux d’hébergement chaque semaine. Le réseau de cyclotouristes accueillants offrant un hébergement gratuit Warm Showers s’est avéré très précieux : « J’étais vraiment surprise de voir à quel point c’était facile ! Entre la Belgique et Vienne, nous avons à peine dormi deux fois à l’hôtel – sinon, nous avons toujours trouvé un toit par l’intermédiaire de cette plateforme. » L’hospitalité des gens les a surprises. « Certains hôtes n’étaient pas chez eux, mais avaient caché une clé sous un pot de fleurs à notre intention. Personne ne ferait cela en Belgique, mais tout repose vraiment sur la confiance dans cette communauté. »
De plus, Marleen et Marie étaient souvent invitées à manger avec leurs hôtes : « Ils nous offraient non seulement un endroit pour dormir, mais aussi un repas pour le soir, un petit déjeuner et souvent même un pique-nique pour la route ! » Cela rendait le voyage plus convivial, mais également plus économique. En outre, elles ont ainsi fait des rencontres uniques : « Tous les hôtes sont des cyclistes et des personnes partageant les mêmes idées. Nous avions donc immédiatement un sujet de conversation. Et c’est précisément parce que nous ne nous connaissions pas que nous avions des conversations très ouvertes et franches, sans préjugés. »
Dans les pays en « stan », Marleen et Marie ont surtout fait du camping. « Il y a beaucoup de nomades là-bas, le camping fait encore partie de leur culture. Ils trouvaient donc tout à fait normal que nous passions la nuit dans notre tente, puisqu’eux-mêmes dorment dans des yourtes. » En Asie du Sud-Est, elles ont surtout choisi de petits hôtels. « Il y faisait extrêmement chaud et humide. Là-bas, une chambre climatisée ne coûte pas cher : nous ne devions donc pas transpirer dans notre tente toutes les nuits. » Et d’ajouter : « Le vélo est vite devenu la partie la plus facile du voyage. Le vrai défi, c’était la logistique : trouver un endroit pour dormir et de l’eau ! »
Se lever tous les matins sans savoir où l’on dormira le soir, c’est ce qui a fait le charme de leur voyage. « Le vélo, c’est la liberté », explique Marleen. « Nous partions tous les matins en nous demandant ce qui allait nous arriver en cours de route. Chaque jour, un nouvel environnement, de nouvelles personnes, de nouveaux défis. »
Et parfois, ils étaient hauts en couleur. Comme dans le désert du Kazakhstan, où elles ont pédalé pendant six jours dans un no man’s land : « Nous avions 7 l d’eau chacune et devions planifier soigneusement les points de ravitaillement. Malheureusement, nous avions oublié de prendre en compte un facteur : le vent. Nous avons pédalé 600 km contre le vent. De plus, cette région n’est absolument pas plate, mais vallonnée. Nous avons vraiment souffert avec un vélo aussi lourdement chargé. À un moment donné, je ne pouvais plus avancer. Heureusement, Marie était plus en forme que moi et a pris ma réserve d’eau. »
« Les meilleurs moments sont ceux que l’on ne prévoit pas. »
Marleen
Malgré – ou justement grâce à – cette souffrance, pour Marleen, ce désert était le moment fort du voyage.
« Quand tout se passe bien, on oublie vite. Mais lorsque l’on a vécu quelque chose ou ressenti de la fierté, on s’en souvient ! Les moments les plus forts sont ceux où l’on sort de sa zone de confort. »
« Nous savions que nous n’allions rencontrer personne pendant plusieurs jours dans ce désert. Nous nous sommes lancées dans l’inconnu. Une route principale goudronnée traverse l’immense plaine sablonneuse, parsemée de trous. Nous avions repéré au préalable les endroits où il y avait un petit magasin ou une station-service pour acheter de l’eau et de la nourriture. Une voiture ou un camion passait de temps à autre. Mais la solidarité était au rendez-vous : neuf fois sur dix, le chauffeur s’arrêtait pour nous demander si nous avions encore assez d’eau. »
« Le premier jour dans le désert, nous avons planté notre tente après 120 km de vélo. Il n’y avait personne, juste du sable à perte de vue. Et soudain, nous avons vu cinquante chameaux s’approcher. C’était surréaliste ! Nous nous sommes vraiment senties vivre ! »
Quelques jours plus tard, Marleen et Marie ont entendu des bruits en pleine nuit. « La pleine lune éclairait la nuit. Nous avons ouvert notre tente et vu des troupeaux de chevaux sauvages trotter dans le désert. C’est unique de vivre un événement aussi inattendu, et ce sont des souvenirs gravés à vie ! »
Il n’y a pas que dans le désert que les animaux les ont surprises. « Nous avons fêté l’anniversaire de Marie en Australie. Ce soir-là, nous n’avions pas trouvé de place dans un camping et avions donc décidé de faire du camping sauvage. Nous étions assises sur la plage avec une bouteille de cava quand soudain, une vingtaine de kangourous curieux se sont mis à sautiller autour de nous. Ce sentiment que nous avons ressenti est difficile à décrire : la nature nous a véritablement prises au dépourvu. »
Marleen a également apprécié la serviabilité de la population. « Au Kazakhstan, nous avons fait du vélo le long de l’eau. Nous avons planté notre tente près de quelques pêcheurs. Ils étaient incroyablement sales, mais très sympathiques. Ils nous ont apporté des poissons pour le repas du soir. Nous avons beaucoup aimé cette solidarité. Chez nous, beaucoup sont méfiants et inquiets, mais nous avons constaté à maintes reprises que la plupart des gens sont des gens bien. »
Marleen et Marie ont constaté qu’il n’est pas commun de voyager sans hommes de la Bulgarie au Kazakhstan.
« Dans les pays en "stan", les hommes jouent un rôle très dominant. Nous avons dû nous y habituer, surtout en Ouzbékistan. En tant que femmes, nous nous sommes fait remarquer ! Nous avons été photographiées et filmées, ce que Marie a trouvé assez intimidant. Alors que nous roulions à vélo, une voiture s’est arrêtée plusieurs fois et des hommes en sont sortis. Ils voulaient apparemment juste prendre une photo de nous. Au début, c’était un peu un choc. »
« Nous n’avons jamais vraiment eu peur, mais nous nous sommes méfiées. Nous faisions nos courses dans des magasins tenus par des femmes ou nous adressions à des femmes aux étals. Nous nous sentions ainsi plus à l’aise. »
Marleen et Marie voulaient utiliser le moins possible les transports en commun, mais parfois, elles n’avaient pas le choix. « Nous avions prévu de nous rendre à vélo de Tbilissi, en Géorgie, à l’Azerbaïdjan, mais les frontières terrestres étaient fermées. Comme nous étions bloquées sur le plan logistique, nous avons pris un avion pour le Kazakhstan. Emballer nos vélos pour le vol a presque été la partie la plus difficile de tout le voyage », dit-elle en riant.
« Nous avons trouvé des boîtes en carton dans un magasin de vélos local. Mais nos vélos de randonnée étaient équipés de porte-bagages à l’avant et à l’arrière : il nous a fallu plusieurs jours pour tout démonter. Et nous nous demandions aussi si nous allions pouvoir les remonter… En Belgique, nous aurions probablement crié au secours pour un tel travail, mais lorsque vous n’êtes qu’à deux, vous finissez par y arriver. Merci YouTube ! »
Être ensemble 24 heures sur 24 pendant un an, c’est quitte ou double. Pour Marleen et Marie, ce fut une expérience enrichissante. « Au départ, nous étions mère et fille. Mais en chemin, nous sommes devenues partners in crime », explique Marleen. « Nous ne nous sommes pas disputé cinq minutes au cours de cette année, il n’y a jamais eu de tensions. Nous nous complétions parfaitement et étions dans le même état d’esprit. Ce voyage n’a fait que renforcer nos liens. »
« Avant de partir, je pensais que nous allions parfois sortir séparément pour un après-midi, nous promener seules dans une ville pendant quelques heures, par exemple. Mais nous ne l’avons jamais fait, nous sommes toujours restées ensemble. Lorsque nous étions à vélo, nous avions toutefois des moments rien qu’à nous. Nous discutions beaucoup, mais écoutions aussi souvent un podcast. Parfois, nous roulions côte à côte. Parfois, nous étions un peu plus éloignées l’une de l’autre – nous étions alors seules, mais toujours à deux. »
« Au départ, nous étions mère et fille. Mais en chemin, nous sommes devenues partners in crime. »
Marleen
« Ma fille est revenue très forte de ce voyage. Elle s’affirme et ose davantage. Lors d’un tel voyage, il ne faut pas se laisser faire. Au début, je devais prendre les initiatives, mais après au bout de quelques mois, elle a pris le relais. Je l’ai vue grandir tout au long de cette année. Deux jours après notre retour, elle a passé un entretien d’embauche. Elle s’y est rendue sans le moindre stress et elle a décroché le job ! Si vous êtes capable de faire un tel voyage, rien ne vous arrête. Ce que nous retenons, c’est ce girl power. »
Marleen reste mordue de vélo. « Je suis loin d’avoir dit mon dernier mot. Je repartirai demain ! » Mais pour l’instant, elle s’en tient à des trajets plus courts. Elle se rendra bientôt au Danemark, où vit actuellement son fils, pour lui rendre visite – à vélo, bien sûr.
• Préparez-vous physiquement : « Nous avons rencontré un couple qui pensait qu’il serait romantique de faire du vélo ensemble, mais la femme n’était pas sportive et était déjà fatiguée après seulement 20 km. Pour un tel voyage, il faut aimer le cyclisme et avoir conscience que ce n’est pas forcément facile. »
• Portez une « alliance » dans les pays conservateurs : « En Ouzbékistan, on nous faisait souvent remarquer que nous nous déplacions sans hommes. Pour éviter les questions gênantes, nous portions une fausse alliance et répondions qu’ils arrivaient en voiture. »
• Utilisez PolarSteps : « Nos proches ont ainsi pu suivre nos aventures et nous avons eu un magnifique journal numérique par la suite. » Vous trouverez l’itinéraire complet et le compte rendu de voyage de Marleen et Marie sur PolarSteps.
“Het voelde als een bevrijding om een jaar lang minimalistisch te leven uit onze 4 fietstassen”, vond Marleen. Deze items waren onmisbaar tijdens hun reis:
« Adopter un mode de vie minimaliste réduit à nos 4 sacoches pendant un an nous a semblé être une libération », explique Marleen. Ces articles étaient indispensables à leur voyage :
• Un vélo : « Emportez du matériel de réserve pour (faire) réparer quelque chose en cours de route, comme des chambres à air. »
• Des sacoches de vélo étanches : « Rien de plus ennuyeux que des bagages humides ! Nous avions emporté des sacs de la marque Ortlieb. »
• Une tente légère : « Nous pouvions choisir de monter uniquement la partie intérieure de notre tente MSR. Quel plaisir dans les pays chauds ! »
• Un réchaud : « Choisissez un modèle qui fonctionne avec de l’essence, car on en trouve aussi dans les pays en "stan". En revanche, on ne trouve pas du gaz partout. »
• Une batterie externe : « Nous n’avions parfois pas d’électricité pendant plusieurs jours. Nous avons pu recharger notre GSM grâce à notre batterie externe. »
• Une trousse de premiers secours : « Avant de partir, nous nous sommes rendues à l’Institut pour obtenir des conseils médicaux et savoir quels vaccins étaient nécessaires. Nous disposions également d’une pharmacie de voyage avec des produits de première nécessité – heureusement, nous en avons rarement eu besoin. »