Certains cyclistes rêvent d’un week-end dans les Ardennes, ou peut-être dans les Vosges ou encore les Alpes. Joris Vanlommel, spécialiste RH chez A.S.Adventure, voit les choses en plus grand. En septembre 2019, il a effectué une expédition à vélo hors du commun en compagnie d’un ami : trois semaines à sillonner les paysages inhospitaliers du Kirghizistan.
« J’avais vu des photos de la Silk Road Mountain Race, une course célèbre au Kirghizistan, et j’avais des palpitations rien qu’à la vue des paysages », explique-t-il. « La course en soi ne m’intéressait pas vraiment – lors d’une telle épreuve, on se concentre uniquement sur l’aspect compétition, sans profiter de l’instant. Avec mon ami Jeff, qui pédale souvent avec moi, nous avons choisi de télécharger le tracé GPS de la course et de parcourir les 1 400 kilomètres avec nos propres vélos. »
Le Kirghizistan est un pays très montagneux. Les sommets les plus hauts du Tian Shan dépassent les 7 000 mètres, et bon nombre de cols sont situés à des altitudes largement au-delà des 3 000 mètres. « Nous devions donc être parés à affronter toutes sortes de conditions climatiques. En septembre, les températures sont agréables dans les vallées, mais plus on monte en altitude, plus la météo devient froide et imprévisible. Et quand vous grimpez, chaque kilo se fait sentir ! »
La principale leçon que les deux compères ont apprise dès le début de leur périple, c’est qu’il ne servait à rien de faire un planning. « La nuit précédant notre départ, il a plu pour la première fois depuis des mois. Les routes non goudronnées se sont transformées en marais boueux, qui ont considérablement ralenti notre progression. Le deuxième jour, la neige nous a obligés à faire demi-tour. On a alors eu un déclic. Nous nous sommes dit : on verra bien ce que nous réserve la journée. Grâce à cette mentalité, notre voyage est devenu un bonheur de chaque instant. »
Le parcours s’est aussi avéré physiquement plus éprouvant que prévu. « Faire 120 kilomètres à vélo tous les jours était un peu ambitieux, et nous avons donc légèrement adapté notre parcours. Nous tenions aussi à profiter de la nature environnante, comme le lac Son Koul, qui est apparu au loin après une longue ascension. Au bord du lac, nous avons dormi chez l’habitant, dans une yourte. Nous avons été accueillis avec un copieux dîner composé de thé, de pain et d’autres bonnes choses, et surtout une hospitalité exceptionnelle. »
L’avantage de voyager à vélo, c’est la proximité avec la population locale. « En tant que cycliste, vous attisez la curiosité et les habitants vous proposent spontanément de l’aide. Vous êtes un usager de la route vulnérable, vous voyagez lentement, vous traversez des endroits inaccessibles en voiture… Mais vous vous déplacez surtout dans le respect de l’environnement dans lequel ces gens vivent et travaillent et ils vous en sont reconnaissants. Le tout sans beaucoup de paroles, car l’anglais n’est pas du tout répandu au Kirghizistan. »
Un beau jour, le porte-bagages de Joris a rendu l’âme. Un bricoleur local l’a accompagné jusqu’au village voisin pour aller chercher de l’aide. « Et nous l’avons trouvée ! J’ai voulu lui offrir un pourboire pour le trajet et le temps qu’il m’avait consacré, mais il a refusé. Je précise qu’au Kirghizistan, les gens ne roulent pourtant pas sur l’or. Il était tout simplement heureux d’avoir pu nous aider. »
L’un des derniers jours de leur aventure, Joris et Jeff se sont retrouvés en difficulté lors d’une excursion d’une journée vers un lac de montagne. Avec les eaux de fonte, la rivière qu’ils devaient traverser était beaucoup plus large et déchaînée que ce à quoi ils s’attendaient. « Un pêcheur a franchi le gué pour venir à notre rencontre. Il a pris nos vélos sur son dos, et nous l’avons suivi prudemment. Une excursion palpitante et riche en émotions ! »
Joris et Jeff estimaient dommage que cet itinéraire ne fasse pas partie de la Silk Road Mountain Race. Ils en ont informé les organisateurs si bien que, depuis 2020, la course emprunte leur sentier jusqu’au lac, avant de continuer un peu plus loin dans les montagnes, où se trouve la ligne d’arrivée. Quant à la rivière, elle est contournée. Les habitants du Kirghizistan ont beau être serviables, on ne peut pas non plus leur demander de transporter le vélo de chaque participant jusqu’à l’autre rive.
L’aventure de Joris au Kirghizistan vous donne envie de découvrir les joies du bikepacking ? Ne manquez pas de lire l’histoire de Tom Claes, un aventurier sur deux roues.
Lors d’un long voyage à vélo, la dernière chose que vous voulez, c’est de parcourir des kilomètres dans la mauvaise direction. Nous vous aidons à choisir le meilleur GPS de vélo pour ne jamais perdre le nord !